mardi 18 octobre 2016

Boutros Boutros-Ghali, maître penseur pour l'Afrique, décédé en février 2016, hommage en sa mémoire à l'UNESCO Paris

Hommage rendu à Monsieur Boutros Boutros-Ghali  à l’UNESCO le 17 octobre 2016, ancien secrétaire général des Nations Unies, décédé au Caire en février   2016 à l’âge de 93ans  
 
 
 

Parmi les invités,  sans oublier l’hôte de la maison de l’UNESCO, Madame Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO, la veuve de Monsieur Boutros Boutros-Ghali, S. EXC. Monsieur Ehab Badawy, Ambassadeur plénipotentiaire, Délégué permanent de la République arabe dEgypte auprès de l’UNESCO,  Mohammad Fayak, Président du Conseil National des droits de l’homme, Monsieur Amr Moussa, ancien Secrétaire Général de la ligue arabe, Monsieur Alain Dejammet, ancien Ambassadeur de France et représentant de la France auprès des de l’ONU, Monsieur Lakhdar Brahimi, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU et ancien secrétaire général de la ligue Arabe, madame Lisa Buttenheim, sous-secrétaire générale de l’ONU déléguée pour des missions. 

                                                                                                                                         Le dernier intervenant de la soirée en hommage à Monsieur Boutros Boutros-Ghali : Professeur Ibrahima Fall, Représentant spécial de l’Union Africaine pour la Région des Grands Lacs :  « C’est bien en ces lieux qu’en 1992 le nouveau Secrétaire Général de l’ONU et le Directeur Général de l’institution qui nous avait accueilli, Federico Mayor, avaient solennellement installé la célèbre commission Culture et Développement, scellant ainsi la convergence des mandats des deux organisations où Boutros était le Président du Panel international sur la démocratie et le développement établi par l’UNESCO.

L’intérêt porté par Boutros au continent-berceau de l’humanité, ne relève pas d’une simple curiosité, mais bien dune véritable passion, et l’Afrique a occupé une telle place dans sa pensée et dans son action, tout au long de son itinéraire singulier, qu’il a été surnommé, « Boutros l’Africain » Enseignant chercheur, il a consacré aux questions africaines, un nombre considérable d’ouvrages et d’articles de très grande qualité scientifique. Dans des domaines aussi variés que le droit de l’homme, le panafricanisme, l’OUA, etc., une production scientifique qu’il a entretenue et sans cesse renouvelée et approfondie tout au long de son riche parcours. Devenu ministre d’Etat aux affaires étrangères, Boutros Boutros-Ghali a, pour ainsi dire, été l’artisan de la politique africaine et altermondialistes, ainsi que sa vision prospective d’un nouvel ordre international plus juste et plus équilibré, au service des générations actuelles et futures à travers ses trois Agendas, tout en continuant de placer l’Afrique au cœur de ses priorités ».

 

Tout le long de la soirée l’hommage  était consacré à la vision et à l’action du Dr. Boutros Boutros-Ghali pour la paix et le développement. Lors de la cérémonie, d'éminentes personnalités ont témoigné sur sa vision universelle, sa  pertinence continue de son Agenda pour la paix,  pour la démocratie et le développement, idéaux étroitement liés au mandat de l’UNESCO.
En effet, Boutros Boutros-Ghali était un diplomate accompli qui a dirigé l’Organisation des Nations Unies à une époque marquée par des bouleversements majeurs et des défis sans précédents. Ses Agendas pour la Paix (juin 1992), pour le Développement (mai 1994), et pour la Démocratie (décembre 1996) ont établi des concepts pionniers, dont l’héritage se perpétue encore aujourd’hui. Ainsi, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre 2015, s’est largement inspiré du travail précurseur du diplomate et grand intellectuel. A travers son engagement indéfectible, Boutros Boutros-Ghali a ouvert la voie à la consolidation de la paix et à l’établissement d’une gouvernance mondiale plus juste.

Le symposium/hommage était organisé par l’UNESCO et la Délégation d’Egypte auprès de l’UNESCO avec le soutien les groupes régionaux de l’UNESCO, notamment le groupe Francophone, le groupe Arabe, Dr Boutros Boutros-Ghali a été Secrétaire général des Nations Unies de 1992 à 1996 et Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie de 1997 à 2002.

Ancien ministre d’Etat pour les Affaires étrangères puis Premier ministre adjoint de l’Egypte entre 1977 et 1991, il est actuellement président du Panel international « Démocratie et Développement » (UNESCO-Paris), Vice-président du Haut Conseil de la Francophonie (Paris) et Président de la Commission nationale des droits de l’homme (Egypte).

Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Mes années à la maison de verre (1999), Le Chemin de Jérusalem (1997) et Soixante ans de conflit Israélo-arabe (2006).
t le groupe Africain.

 

Diplomate hors pair, de confession chrétienne copte, il avait joué un rôle actif pour les accords de paix entre l'Egypte et Israël. Il est décédé au Caire à l'âge de 93 ans.

Sa mort a été annoncée, mardi 16 février, par l'ambassadeur vénézuélien au Conseil de sécurité. Tout un symbole pour le diplomate qui aura eu des liens privilégiés avec le tiers-monde pendant sa longue carrière. Boutros Boutros-Ghali restera dans l'histoire pour son brillant parcours international, les accords de paix entre Israël et l'Egypte de 1979, à ses postes de secrétaire général de l'ONU en 1992, puis de premier secrétaire général de la Francophonie en 1997. Il était aussi un témoin privilégié d'un demi-siècle d'histoire de l'Egypte et du Moyen-Orient. Il incarnait enfin l'intelligentsia égyptienne du début du XXe siècle: cultivée, à la fois occidentalisée et profondément attachée au nationalisme arabe.

Un fils de l'Egypte cosmopolite

Boutros Boutros-Ghali, dont le patronyme signifie «Pierre» en arabe, descendait d'une influence famille chrétienne copte. Son grand-père, premier chef de gouvernement égyptien copte, fut assassiné en 1910, dans une Egypte alors sous tutelle britannique. Cette identité copte n'est pas anodine: elle renvoie au statut minoritaire de ces chrétiens d'Egypte, évangélisés par saint Marc, demeurés dans leur pays malgré la conquête musulmane. Elle rappelle également que les «coptes», étymologie désignant les Egyptiens des temps pharaoniques, incarnent une passerelle entre la millénaire civilisation du Nil, et l'Egypte actuelle.

Fort de ce lourd héritage, Boutros Boutros-Ghali était un universitaire érudit. Lors de ses études à la Sorbonne, il avait fréquenté les étudiants et intellectuels qui théorisaient le nationalisme arabe. Cette doctrine, anti-colonialiste, mais empruntant à l'Occident la modernité et une approche laïcisante de la politique, allait durablement marquer l'Egypte, avec le régime de Gamal Abdel Nasser, les Palestiniens, avec le Fatah, et la Syrie et l'Irak, avec le parti Baas.

Victoires et défaites d'un diplomate audacieux

Boutros Boutros-Ghali fut nommé ministre d'Etat des Affaires étrangères de l'Egypte, en 1977. Durant ses quatorze ans en poste, il participa à la conclusion des accords de paix égypto-israéliens de Camp David (1978), puis du traité de paix (1979), qui perdure encore aujourd'hui.

Interrogé en août 2015 par le site d'informations Orient XXI, il saluait l'acte «courageux et novateur» de la part du président egyptien de l'époque, Anouar el-Sadate, de se rendre en Israël pour préparer la paix: «Ce voyage a permis à l'Égypte de recouvrir son intégrité territoriale et de sortir d'un état de guerre très coûteux. Seize ans avant les accords d'Oslo, cela a mis en place les éléments politiques et diplomatiques qui ont fait que le monde arabe a peu à peu regardé Israël autrement», estimait-il.

En 1992, Boutros Boutros-Ghali fut nommé secrétaire général des Nations unies. Il se distingua par ses prises de position fortes en faveur des Palestiniens, des pays du tiers-monde et d'une intervention au Rwanda , en 1994. Il s'attira l'hostilité des Américains, et perdit son poste au profit du Ghanéen Kofi Annan, en 1996. Le brillant francophile se réfugia à la tête de la Francophonie, dont il devint le premier secrétaire général, de 1997 à 2002.

Toujours observateur attentif des relations internationales, Boutros Boutros-Ghali estimait, dans un entretien au magazine Jeune Afrique d'octobre 2015, que les Nations unies étaient «en pleine décadence»: «La parité qui existait entre les deux superpuissances américaines et soviétiques conférait aux Nations unies un équilibre, une certaine force. Mais aujourd'hui, les États-Unis sont persuadés d'avoir écrasé la Russie et se comportent comme s'ils étaient seuls, ce qui, on l'a vu au Moyen-Orient, crée des problèmes et affaiblit beaucoup l'organisation», affirmait-il.
 
 
Thérèse Diatta Ngoboh

 

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