mercredi 20 novembre 2013

Mali, l'école bientôt en échec si rien n'est fait



L’école est paralysée dans le nord du Mali, constate une mission conjointe de l’UNESCO et du gouvernement malien
Paris, 19 novembre- L’occupation des régions du nord du Mali par des groupes armés a eu de graves conséquences sur le système éducatif. Elle s’est traduite par la quasi paralysie du système éducatif dans l’académie de Tombouctou. A Gao et Kidal, la rentrée n’a pu avoir lieu. C’est ce qu’a pu constater une mission conjointe de l’UNESCO et du gouvernement malien qui s’est rendue sur place du 18 au 23 octobre. 



Mali, l'école saccagée

L’occupation des régions du Nord du Mali a été suivie par de nombreuses destructions qui ont affecté les écoles à Tombouctou, Gao et Kidal. La mission a pu constater qu’une grande partie des infrastructures scolaires a été saccagée et pillée. Le mobilier scolaire a été détruit et utilisé comme combustibles. Par ailleurs, les matériels électriques et informatiques (groupes électrogènes, câbles, serveurs, ordinateurs, imprimantes, etc.), les livres et le matériel de laboratoire ont été saccagés ou brulés.

« La situation de l’enseignement dans le nord du Mali est particulièrement préoccupante. En s’attaquant aux écoles, les extrémistes ont tenté de saper les fondations de la société, comme j’ai pu le constater lors de ma visite dans le pays en février dernier. Il est fondamental aujourd’hui de mettre tout en œuvre pour permettre aux élèves de retrouver au plus vite le chemin de l’école. Il en va de l’avenir même de toute la région », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova.


Tombouctou au Nord du Mali avant sa destruction

Par ailleurs, l’occupation a entrainé le déplacement  de nombreux enseignants et d’élèves du primaire et du secondaire, à  l’intérieur du pays mais aussi vers les pays limitrophes comme le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso et l’Algérie. A Tombouctou, la mission a constaté que la plupart des enseignants n’avaient toujours pas rejoint leurs postes.

Dans le primaire, seuls 52% des enseignants sont aujourd’hui en poste et 1197 enseignants manquent à l’appel dans toute l’Académie de Tombouctou. Dans le secondaire, seuls 8 % des professeurs sont en fonction et 150 sont encore attendus. Au niveau de l’enseignement technique et professionnel,  seuls 7,5 % des enseignants sont de nouveau en fonction, alors que 134 professeurs manquent à l’appel. Quant aux élèves du préscolaire et du primaire, ils ne sont que 60% à avoir retrouvé le chemin de l’école. Au niveau de l’enseignement secondaire, 3200 élèves sont absents sur les 3616 que comptait l’Académie. Dans l’enseignement technique seulement 167 élèves répondent à l’appel sur les 1412 attendus.

Dans les régions de Gao et de Kidal la rentrée scolaire n’a pu avoir lieu  en raison notamment du non-paiement des primes de déplacement et d’installation aux enseignants.  

Face à ces constats alarmants, l’UNESCO et le Mali lancent un appel à la communauté internationale afin de recueillir des fonds en vue d’assurer le retour des enseignants par une campagne de sensibilisation et par l’instauration de primes pour les enseignants exerçant dans les régions nord. Il s’agit aussi de dresser un état des lieux des dégradations de l’ensemble des infrastructures scolaires.

La mission recommande également la mise en place d’un accompagnement psycho-social  des enseignants, des parents d’élèves et des élèves traumatisés par la crise. Elle préconise aussi le lancement d’une campagne nationale d’alphabétisation, notamment à destination des femmes, afin qu’elles comprennent l’importance de scolariser les enfants et surtout les jeunes filles. 


Thérèse Diatta Ngoboh


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